Premier essai raté

En 2009, la barge Marfret gabarre avait navigué pendant six mois, assurant moins de deux allers-retours par semaine entre Nantes et Saint-Nazaire. Mais le levier du Grenelle de l’environnement n’avait pas suffi à motiver les chargeurs et l’exploitant marseillais Marfret avait dû baisser pavillon. Le Grand port maritime soupçonnait même les routiers de copieux rabais pour garder leurs clients.

On recommence avec de l’argent public

Aujourd’hui, Nantes Saint-Nazaire-Port remet le couvert avec le concours des agglomérations de Nantes et Saint-Nazaire. « Le fleuve offre une alternative à la route, réduisant les nuisances, la congestion des axes et l’accidentologie », argumente Fabrice Roussel, maire PS de La Chapelle-sur-Erdre et premier vice-président de Nantes Métropole.

Un appel d’offres pour sélectionner un opérateur est lancé depuis quelques jours. Sur sa feuille de navigation, le transport de colis industriels comme ceux d’Airbus, l’acheminement de matériaux de construction ou déconstruction (à l’horizon, les grands chantiers nantais du CHU ou du MIN) et pourquoi pas des conteneurs ou des ordures ménagères. Les déchets de Saint-Nazaire et La Baule sont en partie incinérés à Couëron.

Des ambitions encore modestes

« L’objectif est de quatre rotations par semaine pour transférer sur le fleuve l’équivalent de 3 000 poids lourds chaque année. » Soit une dizaine de camions en moins chaque jour sur la route quand il en roule dans le même temps plus de cinq mille entre Nantes et Savenay. La participation des collectivités n’est pas encore fixée, mais les élus ont bien compris qu’il faudra voter un budget, soit pour acquérir une barge, soit pour soutenir l’exploitation, soit les deux. Mais il n’y a pas besoin de lourds investissements pour des infrastructures puisque des quais existent déjà.

Déjà un accueil mitigé

« Toute idée en faveur de l’environnement est à regarder de près », estime Michel Mezard, le patron de la SNAT (Saint-Nazaire transports), un des gros partenaires logistiques des industries du bassin nazairien. « Et les convois Airbus par la route, ça devient problématique. » Mais il est plus réservé sur la mise à l’eau du fret généraliste. « Les deux premières attentes de nos clients sont la rapidité et le prix. Pour convaincre, il faudra un tarif qui compense les trois heures de navigation au lieu d’une heure par la route. »

Pourquoi pas livrer en ville ?

Michel Mézard préconise plutôt l’utilisation du fleuve pour les livraisons dans le coeur de Nantes. « C’est moins facile à organiser mais plus vertueux : plusieurs points de déchargement avec des relais par véhicules électriques ou tricycles, en pénalisant simultanément l’entrée des camions dans le centre. » Nantes Métropole y pense. « C’est une simple piste. Nous n’avons pas le modèle économique », reconnaît Fabrice Roussel.

 

Cyrille PITOIS.